Ce blog était au départ destiné aux étudiants du séminaire "Cinéma et cultures" de Master 1 (Médiation culturelle) de l'Université Paris III.
Il s'agit de résumés des cours séminaires donnés entre 2012 et 2014 à l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle.
Depuis octobre 2014, j'ai ajouté quelques notes sur des films projetés à l'Institut français du Royaume-Uni à Londres.
Bon parcours !
Rachel Mazuy

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Le cinéma français et le Front populaire (1934-1939)

Le cinéma français et le Front populaire (1934-1939) : pour le peuple et par le peuple ? 

Affiches (récentes) de La Vie est à nous de Jean Renoir, 1936

Introduction : Qu’est-ce que le Front populaire ?
« Événement mythique, inscrit au Panthéon des gauches, le Front populaire (1934-1938) a laissé des traces profondes dans la société française. Ces quatre années, tiraillées entre espoir et désenchantement, présentent une densité rare : à la séquence politique incarnée par la figure de Léon Blum et la lutte antifasciste s’ajoute un mouvement social d’une ampleur remarquable, mais aussi un foisonnement culturel sans précédent. » (Jean Vigreux, Le Front populaire. 1934-1938, Que Sais Je, 2011).

I.               Les spécificités du cinéma français des années trente :

             A. Un contexte économique difficile, même si on va beaucoup au cinéma : 
1)
 Le cinéma est bien un langage universel qui touche le peuple et les élites  :
      En 1938, près de 4250 salles sont équipées pour le parlant dont 300 à Paris; il existe un maillage serré de salles de quartiers (système à deux tarifs). On se rend alors au cinéma en famille, au moins une fois par semaine. 

Le Louxor, un cinéma inauguré en 1921 sur l'emplacement d'un grand magasin (il cherchait à se démarquer des autres avec ce style néo-égyptien). 

NB. : Entre 1946 et 1995, 70% des cinémas parisiens ont fermé, principalement ceux à un seul écran, à cause de la télévision,  puis de l'apparition des multiplexes (Le réseau reste cependant très important avec 94 cinémas et  373 salles aujourd'hui - contre 516 salles vingt ans plus tôt : augmentation de multiplexes de banlieue).

2) Même si l'industrie cinématographique souffre de la crise : 
La France est touchée par la crise mondiale (crise de 1929 et dépression des années trente) plus tardivement (visible vers 1931-1932, avec des secteurs touchés plus tôt), mais plus longuement que les autres pays européens.  
Le cinéma en pâtit évidemment, en dépit des effet du parlant (premier film parlant américain en 1927, premier film français parlant date de 1929 - Les trois masques d'André Hugon) sur les importations étrangères.  


La crise du cinéma français dans le revue Cinématographie française, mars-avril 1919 (sur amisdulouxor.com) 

Avec la crise les faillites vont se multiplier (Gaumont et Pathé-Natan - https://www.wikiwand.com/fr/Path%C3%A9 ). 

Bande annonce de Planétarium de Rebbeca Zlotowski
Bernard Natan, le fondateur de Pathé-Natan, dont la chute ser précipitée par une campagne antisémite qui aboutira à un procès, et finalement à sa déportation pour Auschwitz en 1942. Sa figure a été transposée au cinéma dans le film Planetarium de Rebecca Zlotowski (bande annonce à 1' 35"). 

La production de films français se fait donc dans un cadre fragile, des sociétés sont même alors créées pour produire un seul film.

B. Un contenu marqué par l’époque.

1) Les films coloniaux :
Nous allons peu évoquer la masse des films liés au théâtre filmé, aux adaptations littéraires, ou aux aventures exotiques et coloniales, dont la plupart des budgets sont insuffisants, les mises en scène plates et les scénarios simplistes.
Arrêtons-nous cependant un peu sur ce « cinéma colonial » qui participe en fait à la structuration des représentations coloniales dans l’hexagone.

Peu de grands réalisateurs français vont tourner des films coloniaux.

Et, les années trente s’illustrent surtout par des remakes des films exotiques des années vingt :
 « La Piste du Sud (Pierre Billon, 1938), Sirocco (1930), Simoun (Firmin Gémier, 1933) ou SOS Sahara (Jacques de Baroncelli, 1936) sont, à côté des films de légionnaires, les grands classiques du genre.
Des titres comme Baroud (1931) de Rex Ingram, Sidonie Panache (Henry Wulschleger, 1934), Gueule d'amour (Duvivier), Le Grand Jeu (Jacques Feyder, 1933), Un de la Légion (Christian-Jacque, avec Fernandel, 1936) et, se déroulant en Syrie, Trois de Saint-Cyr (Jean-Paul Paulin, 1938), et bien sûr L'Appel du silence (produit grâce à une souscription nationale de plus de 100 000 Français et qui obtiendra le prix du Cinéma français en 1936) vont rivaliser avec l'importante production américaine» (Tarzan…). 
Citations venant de : Olivier Barlet et Pascal Blanchard « Rêver : l'impossible tentation du cinéma colonial », in Culture coloniale 1871-1931, Autrement, 2003, p. 119-135.

Raymond Bernard, Tartarin de Tarascon, 1934 (avec Raimu). Aperçu (Pathé VOD) et affiche du film. 
Jacques de Baroncelli, L'Homme du Niger, 1939 (sorti en janvier 1940) et produit par la Société de Production du Film Légion d'honneur. Bande annonce sur Imineo. 

Christian-Jacque, Un de la légion, 1936 (Ici le générique. Il existe 4 parties visibles sur Daily motion : http://www.dailymotion.com/video/xesdtx_fernandel-1936-un-de-la-legion-par_webcam#.UMYFMI4RWys ou le film entier sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=4-grdXczPqg). 
Affiche du film - sur Vodkaster.com 

Et si quand on part sur le théâtre filmé ou les adaptations littéraires, même les films de Pagnol ou de Sacha Guitry, plutôt novateurs dans leur forme, sont passéistes dans la morale qui les sous tendent. 

Sacha Guitry, Le Roman d'un tricheur, 1936. Bande annonce - © Gaumont
(Lien pour le film : https://www.youtube.com/watch?v=7Mt_c_HzabY)

Marcel Pagnol, Marius, 1931, Fanny, 1932, Angèle, 1934, César, 1936 (affiche sur wikipedia.en), La Femme du Boulanger, 1938, La Fille du puisatier, 1940.

A partir de 1934, une partie des films français se colorent d’une idéologie teintée d’antisémitisme, de xénophobie, d’antiparlementarisme. Cependant si ce corpus ne disparaît pas pendant le Front populaire, ces aspects « fascisants » diminuent, au profit d’un discours politique beaucoup plus ancré à gauche.

         C.  Le front avant le Front, un climat propice à l’enthousiasme :
1°)  La cinéphilie, les ciné-clubs :
Au départ, productions théoriques et ciné-clubs ont un objectif, celui de légitimer le cinéma. Dans les années vingt apparaît ainsi le Ciné-Club (Léon Moussinac, Germaine Dulac, Jacques Feyder). Leur objectif est la démocratisation et la légitimation du « cinéma comme art », ainsi que l’éducation du public au cinéma (films muets, réseaux, critiques). 
Journal de cinéma (1920-1921) fondé par Louis Delluc, en lien avec un association du même nom qui veut amener au cinéma un public d'artistes et une élite socio-culturelle qui ne le reconnaît alors pas comme un art. 

2°) L’expérience des Amis de Spartacus (1928-1929) :
Léon Moussinac et Paul Vaillant-Couturier, avec Jean Lods créent les Amis de Spartacus. A la mission d’éducation des ciné-clubs, à l'intention cinéphilique des dirigeants (défendre le cinéma, en particulier le cinéma d'avant-garde contre le cinéma commercial car celui-ci est une "contre-propagande dont le but est d'éveiller la conscience des masses") s’ajoute la lutte contre la censure gouvernementale.

En effet, pour diffuser les films soviétiques, qui sont souvent censurés, les communistes vont donc créer cette association, dont le siège se confond avec celui du parti communiste, et à laquelle on adhère par le biais d'organisations communistes. 

En effet, les projections des ciné-clubs (associatifs) sont assimilées à des projections privées et n’ont donc pas besoin du visa d’exploitation distribué par la censure (commission nationale à partir de 1928).  C'est ainsi en séances privées qu'a été diffusé le Cuirassé Potemkine d'Eisenstein en 1926 par exemple.
Le succès des Amis de Spartacus est réel ("Les amis de Spartacus réussissent à faire se croiser autour du cinéma soviétique de nombreux éléments de la cinéphilie parisienne, des élégantes et des mondains, ainsi que de nombreux ouvriers communistes." - Tangui Perron), mais
 de courte durée. La répression des pouvoirs publics et une radicalisation des objectifs (ils deviennent plus "prolétariens" avec la tactique "classe contre classe" qui ne suppose pas de plaire aussi au public bourgeois), expliquent la fin de Amis de Spartacus. Le relais est pris par d'autres associations proches du PC (Amis de l'Union Soviétique, Cercle de la Russie neuve), elles aussi créées après le Xe anniversaire de la Révolution d'Octobre. 

Carte postale du carrefour avenue Emile Zola, rue du commerce, Paris 15e, années 1910. L'ancien Casino de Grenelle, situé 86 avenue Emile Zola, offre une salle de 2000 places aux Amis de Spartacus.

3°) Le Groupe Octobre, un lieu d’échanges et de création singulier qui va marquer le cinéma français :  – Le réalisme poétique (cf. le site de la cinémathèque à propos du cycle Pierre et Jacques Prévert). Si le groupe s'intéresse surtout au théâtre, il participe à des courts métrages et à des longs métrages à qui il donne un ton nouveau. 

L'Affaire est dans le sac, Pierre Prévert, 1932 (@allocine.fr)
Extrait de l'Affaire est dans le sac, 1932 (le béret) -  © Léon Nasp. 
Sur les Prévert et sur l'Affaire est dans le sac, voir : 
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/hommages-retrospectives/fiche-cycle/cin-jacques-pierre-vert,481.html et un entretien ultérieur sur le site de l'Ina : https://m.ina.fr/video/I08249553/les-freres-prevert-a-propos-de-l-affaire-est-dans-le-sac-et-de-voyage-surprise-video.html 

II. Le Front populaire, une époque spécifique :
        A. La période est marquée par une forte syndicalisation de la profession. 
Au début des années trente, il y a peu de syndicat de salariés du cinéma, alors que les organisations patronales sont organisées depuis longtemps (1908).

De surcroît, ils sont très catégoriels. Au début des années trente, les créations sont souvent liées à la volonté de défendre le cinéma français contre « l’invasion étrangère ». 

Or, avec les grèves de mai-juin 1936, on passe quasiment de zéro à une majorité de syndiqués chez les techniciens du film. Aussi les organisations vont-elles pouvoir se lancer dans la production. 
Le Syndicat Général des Travailleurs de l'Industrie du film, communiste (fusionne avec la CGT du Spectacle en 1936) ©périphéries

          B.  La nouveauté d’un cinéma militant ?
      1°) Un cinéma militant :
+ Des initiatives militantes :
- Le cinéma est dans les années trente, le média culturel le plus populaire. Il n’est donc pas étonnant que les partis de gauche s’en empare, en produisant des films d’édification ou de propagande électorale. 

- De mai 1935 jusqu'au début 1937, la SFIO produit des longs et des courts métrages de façon systématique, sous l’impulsion de Marceau Pivert. On note : La Commune (Mur des Fédérés 1935), Les Bastilles (14 juillet 1935), L’Attentat contre Léon Blum, Boulogne socialiste, Les faucons rouges chez eux, etc.
 

- De même, "durant le Front populaire, le PC produit et diffuse (diffusion de films doublés et souvent remontés) des films en nombre inégalé. Une quarantaine de titres circulent ainsi dans les réseaux militants d'obédience communiste ou syndicaux, en plus des nombreux films projetés lors des soirées distractives et des films soviétiques, quantitativement bien plus important." (Tangui Perron, Périphéries). 

On connaît 
deux longs métrages où la part de fiction est majoritaire (La Vie est à nous (1936) de Jean Renoir et Le Temps des cerises (1937, copie retrouvée en 1976 seulement) de Jean-Paul Dreyfus. » En dehors de ces longs métrages ou des films sur la guerre d’Espagne, on peut aussi évoquer la production de films à la gloire des dirigeants ainsi que Visages de la France d’André Vigneau.

- "Le nom de Ciné-Liberté (né de l'AEAR) reste associé à plusieurs des principales réalisations filmiques du Front Populaire : environ quinze titres, dont trois films réalisés pour la CGT (En 1938 : Les Métallos de Jacques Lemare pour la fédération de la Métallurgie, Sur les routes d’acier de Boris Peskine pour la Fédération des cheminots et Les Bâtisseurs de Jean Epstein pour celle des travailleurs du Bâtiment »), et pas moins de six courts-métrages pour l’Espagne Républicaine." (Pascal Ory). 
Générique de la Vie est à nous de Jean Renoir

+ Des films produits par des militants : "Qui participe à la fabrication de ces films ? 

Des techniciens syndiqués à la CGT réunifiée, qui sont nombreux et mobilisables depuis les grèves.
 Pour les réalisateurs, il s’agit de démarches plus individuelles". (Pascal Ory)

+ Une diffusion spécifique : Dans un secteur d'activités qui reste complètement privé, la diffusion de ces films passent cependant comme à la fin des années vingt par le secteur non commercial. 

 2°)  L’exemple de La Marseillaise de Jean Renoir : 
Un film pour le peuple et par le peuple : 
La Marseillaise de Jean Renoir (1936-1938). Une des affiches du film ©Unifrance.
-  La séquence du chant. https://www.youtube.com/watch?v=6JSww4ryiJQ 
- L'attaque du Palais des Tuileries. 
- Le roi passe en revue ses troupes (basculement du film). 
Manifestation du 14 juillet 1935. 
L'accueil de la presse communiste : Georges Sadoul dans Regards : 
https://www.la-belle-equipe.fr/2015/09/11/marseillaise-jean-renoir-regards-1938/ 
Regards, 10 février 1938 titre sur le film de Renoir. 
B) Les limites de ce cinéma militant : 

1°)  L’échec de la Marseillaise, la fin de Ciné-Liberté correspondent à la fin du Front populaire : Le film est finalement terminé par un producteur classique et quand il sort, en mars 1938, le Front populaire est terminé, l'élan initial est brisé.

      2°) L’engagement de l’Etat en question :
Le gouvernement de Front populaire n’a pas le temps de mettre en place une véritable politique publique concernant le cinéma, qui relayerait les initiatives partisanes ou syndicales. Le circuit cinématographique commercial reste entièrement privée et la censure n’est pas levée.

Jean Zay dans son bureau ministériel / site du CNRS / Archives nationales /  ©CC 

Mais les réflexions mises en place par le gouvernement de l’époque vont aboutir après la guerre (CNC, Festival de Cannes sous l'impulsion de Jean Zay qui aurait dû avoir lieu en 1939, Cinémathèque française par exemples).

III. Un cinéma réaliste pour le peuple et par le peuple ?
      A. Un cinéma qui exploite une veine réaliste : le peuple confronté aux aléas du moment
     1°) La Vie est à nous de Jean Renoir : 
Un film produit par le PCF en lien avec Ciné Liberté, pour les élections législatives de 1936.
C’est un film qui associe, dans un montage pédagogique des parties documentaires, (avec des documents parfois manipulés comme les séquences avec les groupes d’extrême-droite), des scènes jouées (acteurs en grande partie non professionnels) et des interventions de dirigeants du PCF filmées lors de meetings.

Renoir est alors compagnon de route du PCF. Son équipe de tournage est elle aussi (comme le sera celle La Marseillaise) fortement engagée pour le Front populaire (compagnons de route, communistes, et socialistes). 

La Vie est à nous, Jean Renoir, 1936. Bande annonce © Ciné archives - le film disponible sur le site de Ciné archives : https://parcours.cinearchives.org/Les-films-VIE-EST-A-NOUS-_LA_-565-16-0-1.html? 

Critique du film La Vie est à nous de Jean Renoir. 

Autre exemple de cinéma engagé, celui de Jean Vigo (A propos de Nice, Zéro de conduite et L'Atalante). Le dernier film de Vigo est massacré par la production (Gaumont) qui le réduit à 65 minutes (contre 89 au départ) et le sort (en septembre 1934) sous un autre titre "Le Chaland qui passe".


Bande annonce de L'atalante de Jean Vigo. 

C'est un échec commercial et critique (le film est jugé morbide et amateur). A la mort de Vigo (octobre 1934 de la tuberculose), il termine sa carrière sur les écrans parisiens. Il ne sera redécouvert qu'après la guerre, même si en 1940, on restaure une copie dans sa version longue. 

2° Cependant, tous les films du Front populaire ne sont pas liés au militantisme politique :
La Belle équipe de Julien Duvivier (1936), un film qu'on associe souvent au Front populaire reflète plus l'air du temps que l'engagement de son auteur. 

    Julien Duvivier, La Belle équipe, 1936. Bande annonce © Pathé

                "Qu'est-ce que tu dis d'ça" chantée par Jean Gabin, La Belle équipe, 1936. 

                    Julien Divivier, La Belle équipe, 1936 - l'Une des affiches du film. 

 B. Un cinéma marqué par une veine populaire : le réalisme poétique à la fin des années trente
   Si le cinéma militant ne survit pas vraiment au Front populaire, le réalisme poétique va au contraire s'épanouir. 
   On peut dire qu’avec l’échec du Front populaire, la montée des tensions internationales, ce courant réaliste qualifié de poétique ou de fantastique par l’écrivain Pierre Mac Orlan, devient franchement dépressif. 
    - Ainsi, Jean Gabin, héros populaire par excellence, qui chantait dans la Belle équipe, meurt le plus souvent à la fin des films.  

Julien Duvivier, Pépé Le Moko, 1938 - bande annonce © Imineo Bandes annonces (film entier sur http://www.youtube.com/watch?v=7BcQ3bfJOM8)

- L’exemple de Pépé le Moko : évolution de la représentation coloniale, malgré tout  ?
Arletty et Jean Gabin, sont des idéals-type de cette veine populaire  et désabusée ?

- Le réalisme poétique de Marcel Carné : Hôtel du Nord (1938) : C'est en fait un cinéma d'artifices tourné en studios où les décorateurs comme Alexandre Trauner (cet émigré hongrois arrivé à Paris en 1929, a marqué les films de Carné, mais aussi, plus tard certains films de Billy Wilder -oscar du meilleur décor pour la Garçonnière, Joseph Losey ou John Huston - L'Homme qui voulait être roi) jouent un rôle important. Les dialoguistes deviennent aussi des personnages-clés du cinéma français, le plus célèbre étant Prévert (Jeanson pour Hôtel du Nord). 
Marcel Carné, Hôtel du Nord, 1938. Bande annonce. 3'20" pour les décors du canal Saint-Martin. 

  Conclusion :

À un moment où le cinéma est devenu un « langage universel » qui touche le peuple et les élites, il reflète bien les espoirs du Rassemblement (1934) puis du Front populaire (1936), puisqu’on tente de créer de nouvelles façons de faire du cinéma pour et par le peuple.
Cela marque l’apparition d’un cinéma militant dont l’échec est patent en 1938 (fin du Front populaire).
A cette date, le cinéma français est cependant toujours porté par une veine populaire et réaliste (le réalisme poétique) qui est de plus en plus dépressive (cf. les héros de Carné). 

Pour approfondir : 
- En dehors des ouvrages déjà cités dans la bibliographie générale du blog, on peut trouver des articles accessibles en ligne répertoriés sur le site de Ciné-archives (notamment dans le Fonds audiovisuel du PCF, et vous pouvez visionner un certain nombre de films).
http://parcours.cinearchives.org/Liens-internet-524-0-0-0.html.
Sont en particulier cités les articles de Tangui Perron, chercheur spécialisé sur le cinéma communiste dont vous pouvez également regarder en ligne le cours sur La Marseillaise de Jean Renoir pour le Forum des images (https://www.dailymotion.com/video/xmd5vz 
 ).
- On lui doit également L'écran rouge. Syndicalisme et cinéma de Gabin à Belmondo, Editions de l'Atelier, 2018. 
- Les films sur le Front populaire ou en lien avec le Front populaire sur le site de Ciné archives : https://parcours.cinearchives.org/Les-films-565-0-0-1.html?ref=&s_565=3&st_565=a& 
- Dimitri Vezyroglou, "Le Parti communiste et le cinéma. Nouveaux éléments sur l'affaire Spartacus (1928) ", Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2012/3, N°114, p. 63-74.