Ce blog était au départ destiné aux étudiants du séminaire "Cinéma et cultures" de Master 1 (Médiation culturelle) de l'Université Paris III.
Il s'agit de résumés des cours séminaires donnés entre 2012 et 2014 à l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle.
Depuis octobre 2014, j'ai ajouté quelques notes sur des films projetés à l'Institut français du Royaume-Uni à Londres.
Bon parcours !
Rachel Mazuy

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Le cinéma d'animation japonais, une histoire culturelle :

Le cinéma d'animation japonais, une histoire culturelle :


James McNeill Whistler, Caprice in Purple and Gold, The Golden Screen, 1864, Freer Gallery of Art (Wikimedia commons).

En 2017, pour fêter les Cent ans de l'animation japonaise le site Japanese animated film classics a mis en ligne des court-métrages datant de 1917 aux années 1940 avec des sous-titres anglais.
I. L’animation existe dès les débuts du cinéma au Japon : 
A. Elle repose sur des traditions culturelles japonaises, tout en empruntant à l’Occident : 
1. Les rouleaux enluminés : ancêtres des mangas et des films d’animation :


Au XIXe siècle les peintres d’estampe ont par ailleurs sans doute été influencés par les lanternes magiques apportées d’Occident.
Estampe de théâtre Kabuki
Ces lanternes magiques permettent également un élargissement du public.
Au début du XIXe siècle, des Japonais perfectionnent le procédé : les lanternes utsushi-e

2. L’arrivée du cinéma au Japon :
L’arrivée est précoce, puisque c’est dès 1897 que les opérateurs Lumière arrivent au Japon. Les premiers films sont importés, mais rapidement, des sociétés japonaises, qui veulent créer un cinéma « national », voient le jour.
La période est propice (ère Meiji : 1868-1912).
Les premiers films japonais se fondent sur la tradition.

En 1909, les premiers films d’animation arrivent au Japon venant des Etats-Unis et de France.
James Stuart Blackton
3. Les pionniers de l’animation japonaise et leurs disciples :
a) Les pionniers de l’animation japonaise :
1916 ou 1917 ? Trois pionniers lancent le dessin animé japonais. Ce sont tous les trois des artistes issus du manga (la "bande dessinée" japonaise pour faire simple). Ils vont mêler les techniques occidentales et japonaises, tout en se fondant sur des histoires spécifiquement japonaises.

-  Shimokawa Ôten : le portier Mukuzô Imokawa 
-  Ou le premier film d'un autre pionnier, la guerre du singe et du crabe de Seitaro Kitayama 
- C'est toujours en 1917 que Junichi Kôuchi sort "Le sabre flambant neuf" de Hanawa Hekonai. 
https://animation.filmarchives.jp/en/works/view/100183  - 3' à 3'30''.
Image issue de "Namakura Gatana", 1917 - sur animation.filmarchives.

b) Leurs disciples :
La production japonaise s'accélère rapidement. En mars 1918 le film Momotarô, l'enfant né d'une pêche de Kitayama crée l'événement. Il sera le premier dessin animé japonais à être présenté en France la même année. On peut aussi évoquer Sanae Yamamoto, qui adapte Le lièvre et de la tortue, avec des formes très stylisées. 
https://animation.filmarchives.jp/en/works/playen/41087 (Momotarô par Sanae Yamamoto).
Le Lièvre et la tortue [Usagi to kame] / Sanae Yamamoto / muet / 1928

Il faut noter que le production d’animation japonaise semble peu influencée par le régime militaire autoritaire instauré progressivement au Japon à partir de la fin des années vingt, et ce jusqu'en 1936. 



Ils semblent utiliser les mêmes thèmes qu’auparavant et le cinéma d’animation japonais n’hésite pas à se renouveler en Occident.


Les années trente sont des années difficiles (crise économique). Les films restent le plus souvent toujours faits avec des papiers découpés japonais (ils paraissent de ce fait souvent très plats, si on les compare aux films de Disney) et non en cellulose. 

Par la suite, trois grands réalisateurs de l'animation japonaise vont, des années trente aux années cinquante, influencer les créateurs qui commenceront leur carrière dans les années 50-60.
Le premier réalisateur important de cette époque est Noburô Ôfuji. Il est connu pour avoir réalisé la première animation japonaise en ombres chinoises à partir de papier traditionnel japonais orné de motifs colorés (on pense à Michel Ocelot). 
https://animation.filmarchives.jp/en/writer03.html
https://animation.filmarchives.jp/en/works/playen/15479

https://animation.filmarchives.jp/en/works/playen/55060 (Hymne national)
La Baleine
Le singe Masamune [Saru Masamune], court métrage muet  de 1930 - 10'.
Autre maître de la technique du papier découpé, Yasuji Murata (1896- 1966) est notamment  l’auteur de deux petits chefs d'œuvres datés de 1929 et de 1930. Le premier est Tarôbee chez les lutins, le second est Le Singe Masamune sorti en 1930.  https://www.dailymotion.com/video/x3xnvmg 

Yasuji Murata, Oira no ski, 1930 : un court métrage qui met en scène des lapins et des tanuki (dansla mythologie japonaise, c'est un esprit de la forêt, yokai) 
qui font les fous en faisant du ski. 
La majeure partie des bandes annonces des courts métrages du réalisateur est visible sur le site Sens critique : https://www.senscritique.com/contact/Yasuji_Murata/513920#page-1/
En 1931, les Japonais produisent le premier dessin animé parlant (Walt Disney en 1928).  
Dans la deuxième moitié des années trente, ils abandonnent le papier découpé pour de la cellulose.

Cf. L'Araignée et la tulipe (1943) ou bien Féerie de Printemps (un hymne à la beauté des cerisiers en fleurs - 1946) de Kenzô Masaoka. 
C’est le premier à utiliser le mot « dôga » (images animées).
                                                        Kenzo Mazaoka, L'araignée et la tulipe. 1943. 

B. L’animation japonaise pendant la guerre : 
1. La propagande de guerre et l’animation : 
Durant la guerre, Mitsuyo Seo crée le premier long métrage d'animation (37 mn) : Les Aigles marins de Momotarô (1943), un film de propagande militaire sur Pearl Harbor. 
Cependant, ces films de propagande de la guerre sont généralement moins belliqueux que les productions américaines de la même époque.

            Mitsuyo Seo, Les Aigles marins de Momotarô (1943)
2. Après 1945 : 
Après la reddition du Japon en septembre 1945 le pays est occupé par l’armée américaine, et ce jusqu’en 1952. Cette occupation est sensible à travers des films comme Le crayon magique (1946) de Kumakawa Masao (une petit garçon japonais dans un Japon détruit par les bombardements répare une poupée américaine qui pour le remercier lui donne un crayon magique...). 
Le crayon magique [Mahô no pen] / Kumakawa Masao / 1946 /11'
https://www.dailymotion.com/video/x3zp0z5
II. L’animation japonaise à l’ère des grands studios (années cinquante- années quatre-vingts) :
1. Le boom industriel du Japon au sortir de la guerre :  
Il se traduit par la création de nouveaux studios de production au Japon.
Un certains nombres de graphistes s’associent pour créer la Shin-Nihon-Doga (1948) qui deviendra ensuite la célèbre 
Tôei-Doga (1956), devenue en 1998 la  Tôei-Animation, aujourd’hui encore l'une des plus grandes entreprises mondiales dans le secteur du dessin animé (en tenant compte de la production télévisée). 
Les entreprises qui se regroupent veulent en effet faire face au raz de marée de films étrangers, en particulier américains (Disney) qui occupent les écrans japonais.

Un succès de la future Toei en 1947 : Tora Chan, le chat abandonné (en 3 parties sur you tube). 

En quelques décennies en effet, le Japon passe du statut de pays vaincu et en partie détruit par la guerre, à celui de grande puissance économique mondiale. Dans le domaine de l’animation, la mutation qui s’opère, va transformer le film d’animation en véritable produit culturel industriel lié à un autre vecteur culturel en plein essor : la télévision.
A la fin des années quarante, pendant l’occupation américaine, les Japonais voient réapparaître les productions venant des Etats-Unis.  Les studios veulent rivaliser avec leurs homologues américains.
Aussi, si les premières productions d’après-guerre continuent de s’appuyer sur des contes chinois ou japonais, les studios japonais se tournent progressivement vers des classiques de la littérature mondiale, imitant en cela leurs voisins américains. 

On y retrouve quelques grands noms de l’animation japonaise d’avant la guerre tel celui Noburô Ôfuji. 

Dans la décennie suivante, Taiji Yabushita va faire partie des grands noms des années 1960 et 1970 de l'animation japonaise.  

Taiji Yabushita, Le Serpent blanc, 1958 (affiche française plus récente).

3. L'essor des années cinquante et les débuts de l'animation télévisuelle dans les années soixante : 
- En 1956, la Tôei ouvre un département consacré au cinéma d'animation, baptisé Tôei Dôga (Tôei Animation aujourd'hui), dont le but est d'essayer de produire un long métrage d'animation par an. 
En 1958 sort donc Le Serpent blanchttps://www.dailymotion.com/video/x27p5mi (bande annonce du film)

Mais la Tôei Dôga doit rapidement composer avec la télévision, le nouveau média émergeant, qui va transformer l'animation. 

Avec Astro, le petit robot, en 1963, le mangaka Osamu Tezuka va changer l'approche de l'animation au Japon pour l'adapter à des contraintes de production télévisuelle (réduction des délais de production et donc réduction de qualité générale du résultat final). Cela va ainsi créer un fossé avec l'animation destinée aux salles de cinéma. Le film est un hymne pacifiste à la robotique et à la technologie. Il défend une paix fondée sur l'utilisation pacifiste du nucléaire civil dans un Japon marqué par la bombe (1951-52, premier manga ; 1962-63 premier anime). Il crée en 1962 son studio (Mushi)
                                            Osamu Tezuka, Astro Boy, 1963. (Trailer)
La même année, la Tôei Dôga contre-attaque avec sa première série télévisée, Ôkami Shônen Ken (Ken, l'enfant loup). 
https://www.senscritique.com/serie/Ken_l_enfant_loup/22309519/videos 
À partir de 1964, elle organise un festival de dessins animés qui veut toucher un très large public (parents et enfants).

Les deux compagnies vont être des concurrentes jusqu'à la disparition du studio de Tezuka en 1973. 
Les années soixante sont aussi celles du passage de tous les films d’animation à la couleur. Ce passage se fait le plus souvent d’abord à la télévision.
Sally la petite sorcière (générique chanson - en français). 
Ce nouveau système est utilisé par Isao Takahata pour les « Aventures d’Horus, prince du soleil » qui s’adresse en 1968 à un public plus adulte.
Isao Takahata, Horus, prince du soleil, 1968 (bande annonce en japonais). 

A la fin des années soixante, la Tôei réduit de plus en plus ses coûts de production pour les films destinés au petit écran. 

"Le Chat Botté", version de 1969 (bande-annonce en anglais). 
B. Deux formes d’animation japonaise (années soixante-dix à nos jours) ? 
Arrivée à sa maturité, l’animation japonaise amorce, à partir des années soixante-soixante-dix, une expansion industrielle qui se poursuit encore de nos jours.

Dans le domaine de l’animation, la mutation qui s’opère, va transformer le film d’animation en véritable produit culturel industriel en lien avec les autres vecteurs culturels que sont la télévision, les mangas, puis les jeux vidéos).
Cette époque est au départ dominée par les quelques grandes maisons de production qui produisent la majorité de l’animation japonaise (Tôei, TMS Entertainment, Tatsnunoka productions).
A partir des années soixante-dix, l'animation japonaise va donc être marquée par deux tendances : l'une qui favorise les films de qualité et l'autre qui se dirige surtout vers des productions au départ télévisuelles, commerciales et souvent violentes. 
Enfin, à partir des années quatre-vingts on assiste au déclin des grands studios et à la naissance de multiples maisons de productions indépendantes. 
Image tirée de Jumping de Osamu Tezuka, 1984. Sur : https://tezukaosamu.net/en/anime/72.html
 (https://www.youtube.com/watch?v=_1pThwh2Ves )

1. Une animation industrielle :
a) Les débuts de l’anime business : 1972-1980 :
Dans les années soixante et soixante-dix, le développement économique du Japon se traduit également par le phénomène des  « enfants à la clé », public privilégié pour les séries télévisées.

Par ailleurs, en 1972, des conflits sociaux violents éclatent. Cela va aboutir à la création de petites maisons de production indépendantes dont les studios Ghibli (en 1985 seulement).

Cette année là est aussi marquée par le début de l’ère des robots géants qui se transforment.

Un film va enthousiasmer véritablement le public : Mazinger Z (bande annonce officielle - GSC Movies)

Les films se scindent alors en plusieurs genres destinés à plusieurs publics. 
                                 Devil, cry baby - bande annonce Netflix.  Devil Man, 1972. (Générique : https://www.youtube.com/watch?v=hTVj-4uiOt4

Générique de Candy VF - Club Dorothée - sur Génériques de dessins animés
Candy Candy (manga en 1975, série télé en 1976, et film en 1978 et 1992) 
Albator, Corsaire de l'espace (1978)
Par ailleurs, les studios continuent d’adapter des classiques étrangers.
Heidi, La Fille des Alpes, série animée d'Isao Takahata, 1974. 

Les séries et les films sont accompagnés de mangas et de produits dérivés (la marque Bandaï ou Tomy) qui font de l’anime une véritable industrie culturelle. On parle de media-mix. 

Enfin, le rayonnement des séries japonaises devient de plus en plus international à partir des années 1970-1980. La Tôei connaît de nombreux succès internationaux avec des séries comme les Power Rangers ou Les Chevaliers du zodiaque (Saint Seiya)distribué par la Tôei entre 1986 et 1989 en 125 épisodes. 
 Les Chevaliers du zodiaque.

b) La place de Osamu Tezuka :
Si l’anime business passe par la télévision, le lien entre l’animation de qualité et celle produite en grande série est cependant plus étroit qu’il n’y paraît. 
Il faut ici faire une place particulière à Osamu Tezuka (1929-1989) qui est souvent consacré comme le père de l’anime moderne (Astro Boy) et a aussi été un producteur et un mangaka reconnu.
Timbre édité en l'honneur d'Osamu Tezuka


c. Depuis les années 1980 :
Le phénomène des médias mixtes s’amplifie avec l’explosion des jeux vidéos (Nintendo). 
Dragon Ball Z, Toeî Animation.
Comme dans les décennies précédentes, l’animation japonaise crée aussi des films et des séries à partir des grands classiques de la littérature. Les studios TMS Entertainment se spécialisent dans ce type de productions. A la fin des années 1990, le passage au digital  permet la reprise de nombreux films et séries. Les années 1990 sont aussi marquées par des films et des séries sportives visant plutôt un public de garçons tandis que des séries destinées aux filles sont créées (stéréotypes très genrés).
Slam Dunk d'après un manga d'Inoue Takehiko. 0'50''
                                                          Pretty Cure. (montage de génériques japonais)
L’ensemble de ces films et séries repose cependant sur les mêmes recettes grand public : métamorphose, courage, honnêteté, combat pour le bien et graphisme kawaï (mignon), en particulier dans les séries destinées aux filles. 

Également dans le registre Kawai, on peut aussi parler de la franchise Pokémon. Cette franchise est partie d’un jeu vidéo sorti au départ sur Game Boy en 1996. 
Cette série vise un public enfantin et se fonde sur leur quotidien puisqu’il y a des combats mais que personne ne meure jamais. Cependant, 1/3 des spectateurs japonais des vidéos de Pokemon sont des adultes.
En effet, d’une manière plus générale, les dessins animés japonais touchent davantage un public adulte que dans des pays occidentaux (Club Dorothée dans les années 80 ou par exemple la chaîne Gulli aujourd’hui pour la France, et bien sûr les réseaux sociaux).
          Pokémon, 1997 (ici bande annonce de la série sortie au Japon en 2019). 

Les spécificités thématiques  de l’anime commercial au Japon :
- Le rôle de la métamorphose...
- La violence (peu de censure) et les interdits (sexe et politique sont au contraire tabous)...
Gatchaman, 1972-1974 (devient La Planète des étoiles ). Bande annonce. 

2) Une créativité toujours très importante :
L’animation japonaise « de qualité » continue de se maintenir avec éclat :
a) Les pionniers et la création d’Horus, Prince du Soleil (1965-1968) :
Les créateurs d’anime sont fêtés au Japon et dans le monde entier, les têtes de pont étant encore aujourd'hui Isao Takahata et Hayao Miyazaki (les fondateurs des studios Ghibli).
Ambitionnant de rénover le genre afin de toucher le public adulte, à partir des années soixantes; ces jeunes créateurs veulent ainsi se démarquer des grands studios.
Takahata, Miyazaki et Yasuo Ôtsuka et Yasuji Mori, l'un des plus grands animateurs japonais, vont réussir ensemble à imposer leur vision de l'animation. Ainsi va naître Horus, Prince du Soleil (1968), un film souvent cité comme marquant un tournant dans l'histoire de l'anime. 
                                           Horus Prince du soleil, 1968. 
Depuis, l’œuvre de Miyazaki (né en 1941) comme celle se Isao Takahata sont devenues incontournables. Les films de Miyazaki sont liés à l’exploration de l’imaginaire et à celle du passé légendaire du Japon : Nausicaa. De la vallée du vent, 1984 ; Mon Voisin Totoro, 1988 ; Princesse Mononoké, 1997 ; Le Voyage de Chihiro, 2001. 
Ponyo et la Falaise, 2008 (bande annonce française sur Goriatrix)
Porco Rosso, 1992. Bande annonce française sur BlogstudioGhibli
L’autre grand nom des studios Ghibli, né en 1935, est Isao Takahata qui produit aussi des films marqués par des préoccupations environnementales et pacifistes (Le Tombeau des lucioles, 1988 sur Hiroshima et Nagazaki et le bombardement du Japon en 1945 ou sur le développement accéléré des villes japonaises avec Pompoko, 1994 - on retrouve des tanuki).

Pompoko, 1994 (sur BlogStudioGibhli).
Panda petit panda, 1973 (bande annonce sur Gebeka Films). Le film entier est visible sur Daily motion. 

b) De nouvelles générations :
Arrietty, le petit monde des chapardeurs, (trailer japonais avec traduction en anglais). 

Les maîtres des studios Ghibli vieillissent même s'ils continuent d’être très diffusés et de créer (en particulier Miyazaki dont on attend - 2023 ?, le dernier long métrage qui doit s'appeler Comment vivez-vous ? adapté d'un livre de 1937 sur un jeune garçon qui doit vivre avec son oncle après la mort de son père ). 
https://www.youtube.com/watch?v=LVB5RUHYkzk
Le Vent se lève (official trailer), 2013 (Sur Films actu)
Le dernier film sorti d'Hayao Miyazaki (né en 1941 il a annoncé sa retraite cinématographique au Festival de Venise date de 2013. Le Vent se lève est au départ apparu comme testamentaire pour beaucoup. Il reste l'une des personnalités du Japon les plus connues. 

Son ami et collègue, Isao Takahata, à qui on doit le magnifique et douloureux Tombeau des Lucioles, son film le plus connu, a également sorti en 2013, Le conte de la princesse Kaguya, inspiré du conte éponyme.
Le conte de la princesse Kaguya, 2013 (bande annonce sur BlogStudioGhibli)
 A l'intérieur des studios Ghibli et à l'extérieur, de nouveaux talents voit le jour : ainsi Hiromasa Yonebayashi (Arrietty, le petit monde des chapardeurs en 2010, ou Souvenirs de Marnie en 2014 et hors de Ghibli : Mary et la fleur de la sorcière en 2017) ou le fils de Miyazaki, Gori Miyazaki (Les Contes de Terremer, 2006, La Colline aux coquelicots, 2011, Aya et la sorcière dont la sortie reste prévue pour 2021 en France). 
cf. son interview lors de la sortie de La Colline aux coquelicots : https://www.youtube.com/watch?v=KncLU5RPL7U
Arrietty, le petit monde des chapardeurs (trailer japonais)
Aya et la sorcière, 2020 (bande annonce japonaise sur Journal du Japon - Le film devrait sortir en France en 2021- Wild Bunch). 
La Tortue rouge, Bande annonce française, 2016, Wild Bunch distribution.
Récemment les studios ont fait appel à Michael Dudok de Wit dont le magnifique film La Tortue rouge est sorti en 2016.  







 On peut aussi évoquer celui qui est apparu comme le successeur de Miyazaki, même s'il a aussi quitté les studios : Mamoru Hosoda : La Traversée du temps, Summer wars, Les Enfants loups, Ame & Yuki, 2012, Le Garçon à la bête sorti en 2015 au Japon (en France en 2016) et plus récent encore, Miraï, la petite soeur, sorti en 2018. 
Les Enfants loups, Ame & Yuki, Mamoru Hosada, 2012. 
Mamoru Hosoda, Le Garçon et la bête, 2015 (bande annonce française ajoutée par Kazé)
On lui doit également des séries télévisées et des publicités, notamment celle-ci (avec Takashi Murakami), pour Louis Vuitton (https://www.youtube.com/watch?v=LhsxMqL7PQc) 
Superflat monogram, Takashi Murakami, Mamoru Hosada, 2006 (Publicité pour Louis Vuitton). 


Parmi les réalisateurs les plus doués de cette génération, il faut aussi évoquer Keiichi Hara (Un été avec Coo, 2007) à qui on doit aussi Colorful (2010) et plus récemment Miss Hokusai (2015) et Wonderland, Le royaume sans pluie (2019).

Colorful de Keiichi Hara (Bande annonce) Vous pouvez voir le film en entier (en anglais)  sur : https://www.youtube.com/watch?v=t9U38AlSuak
Entretien sur le film de TVHland avec le réalisteur. 
Miss Hokusai (bande annonce japonaise avec sous-titre anglais)
©Sachiko Kashiwaba,KODANSHA/2019 Birthday Wonderland Committee.

Enfin, avec une approche beaucoup plus apocalyptique et peut-être aussi moins poétique, il faut évoquer les mangas filmés de Katsuhiro Otomo, né en 1954 (Akira, 1988, Memories, 1995, Steamboy, 2004 - cf. ci-dessous pour les extraits).
Par ailleurs, on peut aussi retenir deux autres noms parmi les réalisateurs importants d'un « Japanimé » actuel qui s'adressent plutôt à des adultes et des adolescents :
Celui de Satoshi Kon mort prématurément en 2010, dont les films débordent d’imagination (Perfect Blue, 1998, Tokyo Godfathers, 2003 ou Paprika, 2006).
Celui de Mamori Oshii (né en 1951) Ghost in the Shell, 1999 - avec une suite en 2002 et 2008 ou Avalon, en 2001 et The Sky crawlers en 2008).
Ou l'univers de formes et de couleurs de 
Mirai Mizue (Wonder, 2014)
La plupart de ces réalisateurs sont aussi des mangakas et ces films d'animation sont le plus souvent des produits mixtes, mangas d'abord, puis films et jeux video ensuite ou tout à la fois (Digimon).
Steamboy, 2004 (official trailer)
Memories, 1995. 

Tokyo Godfathers, 2003. Bande annonce en anglais
Paprika, 2006.
Avalon, 2001
Mirai Mizue, Wonder, 2012
Wonder, 2014 - une image du film de Mirai Mizue
https://www.youtube.com/watch?v=AROOK45LXXg 
Your name (2016) de  Makoto Shinkai
Conclusion : L'animation japonaise (anime) apparaît aujourd'hui dominante dans la production cinématographique du Japon. Elle lui permet de tenir la 3e place mondiale (derrière l'Inde et la Chine) en nombre de films produits chaque année.

Empruntant ses récits et ses techniques à l'Orient et à l'Occident, parfaitement intégrée dans les media-mix qui sont très tôt une des spécificités japonaises (manga, jeux vidéo, séries, produits dérivés), elle s'adresse, plus que dans le reste du monde, à un large public d'enfants et d'adultes dont les modes de représentations sont influencés depuis les origines par le manga.

Deux traditions existent, l'une liée aux séries télévisées apparues dans les années soixante, qui sont des produits culturels industriels, l'autre est plus artistique et inventive.
Cependant, les passerelles entre les deux sont importantes. Les films des studios Ghibli sont des références culturelles majeures tout autant que des succès grand public. Depuis les années 1980-1990 toute la production s'exportent de surcroît très bien, participant ainsi à des circulations et des transferts culturels mondialisés et au rayonnement culturel du Japon.